Le Chat botté

Conte illustré par Walter Crane

À sa mort, un Meunier ne laissa pour tout bien à ses trois fils que son Moulin, son Âne et un Chat. L’aîné eut le Moulin, le second l’Âne et le plus jeune n’eut que le Chat.
– Hélas, dit-il, que vais-je bien pouvoir faire de toi le chat. Une fois que je t’aurai mangé, je pourrai bien mourir de faim.
– Non, Maître, dit le Chat, faites-moi faire une paire de Bottes pour aller dans les broussailles. Laissez-moi en vie, et voyez comme nous allons prospérer et nous enrichir.
Le Chat mis ses Bottes et s’en fût attraper un lapin dans la garenne qu’il apporta au Roi :
– Sire, voici un Lapin de Garenne que Monsieur le Marquis de Carabas m’a chargé de vous apporter de sa part.
Et chaque jour, le Chat apportait au Roi de la part du Marquis le Gibier qu’il prenait.
Un matin, le Chat dit à son Maître :
– Allez vous baigner dans la rivière, aujourd’hui. Faites comme si vous étiez le Marquis de Carabas et laissez-moi faire le reste.
Lorsque le Roi passa avec son attelage près de la rivière, il entendit que l’on criait :
– Au secours ! au secours ! il va mourir ! le Marquis de Carabas se noie ! Ô mon Maître !
Le Roi envoya ses gardes pour secourir le Marquis. Le fils du Meunier fut sorti de l’eau et on l’habilla avec des habits de la Garde-Robe du Roi.
Lorsqu’il fut bien sec et bien habillé, le Roi présenta à sa fille le Marquis. Le Roi voulut qu’il montât dans son Carrosse et qu’il fût de la promenade.
Le Chat qui avait tout organisé, prend ses Bottes à son cou et court devant le Carrosse. Bientôt, il croise des paysans qui fauchaient les blés et leur dit :
– Vous regretterez d’être nés si vous ne dites pas au Roi qui arrive que ces terres appartiennent aux Marquis de Carabas.
À tous ceux qu’il croisait, il disait la même chose, pour grandir le nom du Marquis de Carabas.
Enfin, arrivé à un grand Château qui appartenait à un Ogre tout comme les terres sur lesquelles se promenait le Roi, le Chat décida d’avoir une petite conversation avec l’Ogre.
– On m’a assuré dit le Chat que vous aviez le don de vous transformer en toutes sortes d’Animaux.
– Cela est vrai, répondit l’Ogre brusquement.
Et il se changea en grandes et petites bêtes. Lorsqu’il se transforma en Souris, le Chat se jeta sur l’Ogre et l’avala.
Puis, il se précipita à la porte du château, et courut au devant du Roi dont le Carrosse passait sur le pont-levis :
– Votre Majesté soit la bienvenue dans le château de Monsieur le Marquis de Carabas.
Le fils du Meunier devint ainsi le Maître de la place. Il offrit au Roi un si grand et si beau festin qu’à la fin du repas, quand ils eurent mangé et bu et se sentant plein d’entrain le Roi dit :
– Il ne tiendra qu’à vous, Monsieur le Marquis, que vous ne soyez mon gendre.
Le fils du Meunier se maria avec la Princesse le jour suivant.
Le Chat avec ses Bottes, tout heureux auprès du Marquis de Carabas, sur ses terres et dans son château, fut fait palefrenier.